Dans quel contexte l’Association des Cadoles de Champagne est-elle née ?
Cela fait suite à l’inventaire des cadoles de la Côte des Bar que la Mission a financé. Tout le monde a été mobilisé ! L’ONF et de nombreux bénévoles, randonneurs, vététistes, chasseurs, vignerons de nos communes de la Côte des Bar se sont mis à la recherche des cadoles sur notre territoire et à les géolocaliser. Tout ce travail a permis à l’agence Bruno Decrock assistée de Gabriela Guzman, architecte du patrimoine, d’établir en 2020 un inventaire scientifique précis et de créer des fiches sur 140 cadoles, avec leur état, leurs besoins de restauration.
En décembre 2022, l’association nait de cette volonté de préserver et de valoriser le patrimoine des cadoles dans son ensemble, et d’accompagner les propriétaires dans la restauration de ce patrimoine local. L’inventaire n’est pas clos. Depuis le lancement officiel de l’association en mai dernier, nous avons retrouvé des cadoles, la commune de Polisot nous a contacté parce qu’elle en a trouvé deux sur son finage. Mais pour le moment nous nous concentrons sur ces 140 fiches.
Comment avez-vous été vous-même impliquée ?
Je suis adjointe au maire à Gyé-sur-Seine où je fais partie de plusieurs associations. Au moment de l’inventaire, on m’a interpellée. Avec mon mari, qui est comme moi passionné de terroir et de patrimoine, nous avons essayé d’en trouver lors de nos promenades et nous nous sommes pris au jeu. On en a trouvé une, puis une deuxième, et on ne s’est pas arrêtés ! En tant que viticulteurs, nous avons deux cadoles sur une de nos parcelles boisées. Nous avions conscience d’avoir de la chance d’être propriétaire de cadoles, mais je vous avoue que je les regardais comme ça, en passant, ne sachant pas comment les restaurer. Depuis l’inventaire, nous avons beaucoup appris, comment elles ont été construites, comment elles peuvent être restaurées, les histoires familiales qui y sont rattachées… On a envie de mieux connaître ce patrimoine vivant.
Qui compose l’association ?
L’association est administrée par un conseil de 11 membres. Les communes de Bagneux-la-Fosse, Les Riceys, Gyé-sur-Seine, Courteron, Essoyes et Neuville-sur-Seine, ainsi que l’Office de Tourisme de la Côte des Bar en Champagne, le département de l’Aube, la Fondation du Patrimoine et la Mission Coteaux, Maisons et Caves de Champagne en font partie.
Quel objectif vous êtes-vous fixé ?
De restaurer environ 40 cadoles sur les cinq prochaines années : une trentaine sont situées sur des terrains communaux, une dizaine chez des particuliers. Pour certaines, il faut juste défricher autour. D’autres demandent des travaux qui peuvent coûter jusqu’à 25 000 €, mais ce n’est pas la majorité.
Comment ces travaux vont-ils être financés ?
Nous sommes en train de faire les démarches de façon à pouvoir être soutenus par des mécènes. Nous nous sommes donnés une année pour trouver les fonds.
A part protéger les cadoles à long terme, qu’est-ce qui anime l’association ?
Nous souhaitons valoriser ce patrimoine à travers une signalétique claire et créer des parcours de visites reliant plusieurs cadoles entre-elles. Des circuits de randonnées existent déjà, l’un aux Riceys, l’autre à Courteron. On souhaiterait, en partant de Bagneux-la-Fosse, dessiner tout un circuit jusqu’à Essoyes et Neuville-sur-Seine. Des conventions sont signées avec des particuliers qui ont des cadoles sur leur terrain pour qu’ils en autorisent l’accès. L’idée est de créer un engouement et de développer le tourisme autour de ce patrimoine local pour en faire profiter un maximum de monde.
Notre mission est aussi de transmettre le savoir-faire de restauration de ces constructions, à travers des journées d’action, des formations et de mobiliser les générations futures en leur disant : regardez ces cadoles, elles méritent reconnaissance et protection. On vous raconte leur histoire et plus tard ce sera à vous de la raconter !